Noli me tangere 2009-10

Texte : Céline Nogueira
Avec en alternance : Céline Nogueira & Lucie Muratet

Représentations : La Cave Poésie – Toulouse (mai – juin 2009), Gare aux Artistes mars 2007-08)
Théâtre Le Ring – Toulouse (juin 2008), Théâtre National de Toulouse (mai 2007)

Soutien : la Ville de Toulouse, le Conseil Général Haute Garonne
Partenaires : Decléor Cosmétiques, CB Construction

Noli me tangere en librairie

Joué et dirigé sur le plateau par Céline Nogueira en alternance avec Lucie Muratet, ce solo féminin dévoile les espoirs et turpitudes d’une femme tourmentée par des figures masculines idéalisées qui ressurgissent pour lui permettre la libération dans la prise de conscience de leur source même : l’attouchement de ses dix ans.

PRESSE

« Noli me tangere : La femme gâchée

Au commencement est une salle très vide, très nue, une chaise posée, rien de plus. La lumière, devant. L’obscurité, derrière. La vie y naît comme en cachette, tout au fond, dans un chuchotement lointain et plein d’échos, le mouvement d’une forme vague et claire : une femme. Elle parle à voix montante, livre à l’homme absent tout ce que cœur, sexe et tripes contiennent d’amour et de déchirements. Elle livre à l’homme absent tout ce que cœur, sexe et tripes contiennent d’amour et de déchirements. Elle chuchote, geint, hurle, jouit, vomit les mots, creuse par la parole sa propre chair jusqu’à toucher l’os, l’ivoire de ce moment où, à dix ans, le cours de sa vie fut déterminé et détruit – en un geste, un instant.

C’est un fouaillement sans pitié que cette parole partagée entre le désir et la révulsion, écartelée par le temps et le besoin d’aller au plus profond, au plus douloureux, pour comprendre et, peut-être, accepter. Les mots y tombent comme des pierres – attendre, épuiser, culpabilité, affamée – flottent, s’étonnent : « Je suis une femme. » Mordent : « Ton entrejambe vaut mieux que la liberté. » Regrettent : « nous nous sommes pleuré. » Accueillent et rejettent en deux souffles affrontés – « tu me plais beaucoup » / « tu ne m’auras pas. »

Le mouvement ? Partagé entre l’immobilité et une frénésie de mouche bourdonnant à la vitre. Pas de libération, sinon celles de la chute et de l’épuisement.

Le texte de Céline Nogueira est beau, fort, difficile. Bringuebalant par les temps de la mémoire, changeant sans cesse d’humeur, de rythme et de pied, il évite comme en se jouant les faux-semblants contemporains, ces mots de plomb posés entre deux points comme autant de démonstrations. Il est, pour tout dire, féminin au possible, et terrible dans ses détresses, âpre même dans la douceur. L’interprétation qu’assure Céline Nogueira en épouse avec justesse toutes les variations jusqu’à jouer avec le public même, cet amant muet et retiré, d’un mouvement d’attirance et de répulsion.

Le silence… Il ne dure pas, brisé au premier noir par le fracas de longs applaudissements. »

http://www.lecloudanslaplanche.com/accueil.html Jacques-Olivier Badia, le 18/06/2008

On ne s’improvise pas toujours auteur avec le même bonheur que l’on met en scène ou que l’on joue les pièces des autres. Le texte qu’a écrit Céline en est un beau contre-exemple : j’ai assisté à un grand moment de théâtre, très fort, très douloureux, magnifiquement écrit et interprété. http://patrickmollphoto.com/index.php